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Texte du podcast – un jour ordinaireCe matin encore, difficile de se lever. Le réveil sonne trop tôt, la nuit est trop courte ou trop mauvaise pour être en forme. Je me lève quand même pour m’apercevoir qu’il pleut dehors. Quel temps pourri. Je n’ai pas vraiment faim mais pas vraiment le choix pour tenir jusqu’à midi. Les enfants sont réveillés et se disputent déjà la salle de bain. Cet appartement est trop petit. Le métro est bondé et avec la pluie, on s’entasse dans des wagons chauds et humides. Au bureau, les mêmes taches répètent infiniment la même journée, les mêmes collègues ressassent les mêmes histoires, déboires et espoirs, le même chef use et abuse de son petit pouvoir pour essayer d’exister. Le soir, le métro recrache les mêmes hommes et femmes, qui ont juste l’air un peu plus fatigués que le matin. Embrasser mon mari, par habitude, sans le regarder, interroger les enfants sur leur journée, préparer un repas , pour nourrir, vite et en finir avec cette journée, zapper devant la TV sans conviction ni addiction, arbitrer les disputes du coucher , faire semblant de lire pour dormir, et dormir en attendant demain qui sera comme aujourd’hui. Est- ce cela ma vie ? Si c’est cela, quel intérêt ? Et pourtant, il existe une autre façon de vivre ! et de vivre la même journée. Ce matin encore, difficile de se lever. Mais je me dis que cette journée est unique, qu’elle m’appartient, et que je veux la vivre pleinement. Peu importe la nuit, bonne ou mauvaise, je confie cette journée à Marie , pour qu’elle lui donne du sens, et je lui confie tout ceux que je croiserai. Il pleut dehors : est-ce vraiment important ? bien sûr, je préfère le soleil, mais, je me souviens enfant quand je jouais sous la pluie à sauter dans des flaques et quand, plus tard, j’aimais flâner dans les jardins après la pluie pour sentir les odeurs d’herbes mouillées. Je me dis qu’au dernier jour de ma vie, je donnerais tout pour revivre ne serait-ce qu’une journée comme celle-ci. Alors peu importe la pluie, cette journée aura la beauté que je lui donnerai. Hier, j’ai fait le choix de me priver de petit déjeuner. Ce matin, je suis allé chercher du pain frais : cette odeur, ce pain chaud, me rappellent des souvenirs heureux, de vacances et d’enfance. Je ne sais pas si j’ai faim, mais j’ai envie de mordre dans le pain et de vivre. Les enfants sont réveillés et se disputent déjà la salle de bain. Ces cris et ces disputent me sont insupportables. Et pourtant, il suffit que les enfants s’absentent un jour pour qu’ils me manquent. Je comprends la douleur, la tristesse, la solitude de toutes ces mères qui n’ont pas eu d’enfant. J’imagine l’épreuve de celles qui ont perdu un enfant. Il est bon de les entendre vivre et se chamailler. Béni sois tu Seigneur pour mes enfants. Oui l’appartement est trop petit comme tout ce que nous avons par rapport à nos envies. Nos envies débordent toujours ce que nous possédons. Mais dans 20 ans, quand les enfants seront partis et que nous aurons déménagé, nous regretterons ces temps heureux dans ce (trop) petit appartement. Le métro est bondé : je n’aime pas la foule, mais dans chaque regard il y a une histoire. Il y a un homme ou une femme qui vit, qui espère et qui aime. Certains parmi ceux que je côtoie dans ce métro, sont des saints du quotidien. Leur présence est bonne. Au bureau, j’ai commencé par confier à Marie ce travail .Entre les photos de mes enfants et les cartes postales de vacances, il ya cette image de Lourdes qui me rappelle la présence du ciel dans mes taches de tous les jours. S’il m’est difficile de voir dans ces tâches répétitives une source d’épanouissement, il y a une vraie joie à bien faire. Je me dis aussi que travailler est une chance et que dans le monde, elles sont nombreuses les femmes qui aimeraient être à ma place, un bureau, un salaire. Et puis rien n’est écrit, je peux évoluer, bouger, changer, créer… le monde m’appartient. Finalement, j’aime bien prendre une pause déjeuner avec mes collègues : c’est vrai qu’on critique et qu’on ressasse un peu toujours les mêmes histoires. Mais, quand l’un part en vacances, on est content de le voir revenir. Et puis dans les moments durs, on fait corps. Au fond, je les aime bien, un peu comme ma deuxième famille. D’ailleurs, quand l’un est tombé gravement malade, on s’est relayé et on l’a accompagné jusqu’au bout comme si c’était notre frère. Oui, je crois que je n’aurais pas fait mieux pour mon frère. Merci Marie pour ces hommes et ces femmes qui habitent mon quotidien. Le chef, c’est différent. Mais je pense qu’on est tous un peu comme lui. C’est surtout difficile d’obéir. Je me rends compte que quand je me mets dans sa tête, les choses se passent bien. Et pire encore, quand je vois ces faiblesses, je commence à l’aimer. Il m’est même arrivé de prier pour lui. Le soir, je rentre fatiguée, mais j’ai décidé de vivre pleinement cette soirée : d’abord prendre 5 minutes pour moi , pour faire le sas. Ils sont tous là : je suis heureuse de les retrouver. S’il m’en manquait un, je serais inquiète. Puis, à chacun, poser la question attentionnée : celle qui touche les préoccupations du jour. Ensuite faire de ce repas un moment de joie : allumer une bougie, éteindre la Tv, préparer en chantant. Puis diner ensemble. Embrasser les enfants au coucher de chacun , apaiser leurs angoisses et prier avec eux, et leur redire encore tout mon amour. Terminer ma journée en me tournant vers Marie, revoir les beaux moments et me dire qu’au dernier jour, et si c’était ce jour, je ne le regretterai pas. Prions !Béni sois tu Seigneur pour cette journée Béni sois tu pour les enfants que tu m’as donnés même leurs cris et leurs disputes me manqueront un jour Béni sois tu pour mon mari, que je ne regarde plus : je ne peux vivre sans lui Béni sois tu pour ces repas ordinaires : ils nourriront mes souvenirs au jour de solitude Béni sois tu pour mes collègues : ils sont le sel de mes jours Béni sois tu pour mon chef : il me rappelle que toute autorité cache une fragilité et que toute arrogance n’est que vanité Béni soi tu pour ces inconnus du métro : rien n’est pire qu’un métro vide Béni sois tu pour cette journée ordinaire : car c’était la dernière et j’ai décidé de ne plus rien vivre d’ordinaire, mais de donner à chaque instant un peu d’éternité en te cherchant en toute chose. Béni sois tu Marie, pour ton regard d’amour qui m’éclaire et me guide pour transformer mes jours. Ma méditationJe médite sur ma journée d’hier en cherchant à relire tout ce que j’ai vécu avec le regard de Dieu. Ma petite décisionFaire sourire Marie comme un enfant décide de faire plaisir à sa maman en vivant ma journée d’aujourd’hui, ses difficultés et ses chagrins, avec joie et un regard bienveillant. Je peux conclure ma prière en cliquant sur le bouton “je prie” pour prendre la prière de la communauté. |
Je prends un instant pour méditer toutes ces choses dans mon cœur
(cf: Luc 2, 19)